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PHP#02 - La colonne Vendôme

Pour ce deuxième épisode, nous allons partir ensemble à la découverte de l’histoire particulière, de la colonne Vendôme.

Il est 17h30 en se jour du 16 mai 1871, et c’est au son de la marseillaise, que la statue de l’empereur juché sur son piédestal de 44 m, commencent à vaciller avant de s’écraser sur un lit de paille, de sable et de fumier.

Un grand cri de joie surgit soudain de la place Vendôme, les gardes nationaux et la population des parisiens curieux de voir tomber l’empereur, et sa colonne symbole d’un tyran. Faisant honte à la devise nationale, sous son aspect de fraternité, car étant un affront permanent aux vaincus de la bataille d’Austerlitz. Au cours de cette dernière, Napoléon III empereur des français, enleva suivant la légende, 1200 canons à l’ennemi, seulement la vérité historique nous donnera un chiffre bien moindre, de facteur dix environ. Une partie de ces pièces d’artillerie furent refondu pour constituer l’habillage extérieur de cette colonne, véritable hommage permanent, à la gloire des deux et à leurs victoires sur les champs de bataille d’Europe. Cet habillage de bronze s’il était étalé à terre aurait une longueur de 280 m, et serait coupé en 425 plaques. L’intérieur quant à lui, est constitué de 98 tambours de pierre, sorte de roues, percé en leur centre et empilés pour constituer le corps du monument.

La statue de l’empereur Napoléon Ier, située au sommet de la colonne, a également une histoire bien particulière. On ne dénombre pas moins de trois statues différentes au cours de l’histoire de la place Vendôme. La première ne resta que quatre ans sur son piédestal, de 1810 à 1814. Le bronze de celle-ci servi en grande partie de matière première, pour le moulage de la statue d’Henri IV sur son cheval, et située sur le Pont Neuf à l’entrée de l’île de la cité. Elle représentait l’empereur, en César romain.
La suivante représenta sous la monarchie de juillet, Napoléon en tenue de petit caporal.
Ce fut la troisième statue, copie légèrement modifiée de la première, qui s’abattit en ce jour de Mai 1871 sur les paves de la place Vendôme.

Juillet 1870, Napoléon III embourbé dans une guerre mal préparés face à l’ennemi prussien, est conduit rapidement à la défaite. Quelques temps plus tard, à la suite d’une journée d’émeute parisienne, l’empire est renversé le 4 septembre 1870 et un gouvernement de Défense nationale installé à l’hôtel de Ville de Paris, est nommé pour officiellement, poursuivre la guerre contre les états allemands.
Alors que les troupes Prussienne occupe déjà une grande partie du nord-est de la France, le gouvernement de Défense nationale œuvre dans l’ombre avec les armées adverses, afin de trouver une issue pacifique à la guerre, mais reconnaissant du même coup la défaite des français.
L’hiver 1870-1871, fut extrêmement dur pour la population parisienne assiégée par les prussiens, la famine s’installa dans la commune. Les habitants furent contraints d’intégrer des animaux domestiques à leur alimentation, et même les pensionnaires des parcs zoologiques.
L’armistice, sera signé le 18 janvier 1871, par le chancelier Otto Von Bismarck, proclamant ainsi le début de l’empire allemand. Pour concilier à l’arrêt des hostilités, le gouvernement de Défense nationale concède au nouvel État, la possession de l’Alsace-Lorraine. Cet affront fait à la résistance parisienne, fut suivit lors des élections du 8 février 1871, d’un très fort ralliement de la population parisienne aux listes républicaines, ceux-ci étant pour une reprise des l’hostilités contre l’envahisseur. Mais, pour le reste de la population française, le vote fut majoritaire aux monarchistes, étant eux pour la paix avec le nouvel empereur.
D’autres élections à venir devaient précipiter cette différenciation Paris-province. Aux élections municipales de Paris du 26 mars 1871, une large majorité de gauche, pour une autogestion de la commune de Paris fut élu.
Deux personnes particulièrement connues, issue des listes indépendantes jouèrent un rôle important dans l’avenir de la colonne de la place Vendôme. Le premier Jules Vallès qui s’était vu interdire l’édition de son journal « Le cri du peuple » par le Préfet de police, suite à la capitulation de la France, puisque jugé trop d’extrême gauche.

Le deuxième, Gustave Courbet, peintre de son état, extrêmement connu pour un tableau qui fit scandale en son époque, une représentation picturale d’un sexe féminin appelé « l’origine du monde », peint en 1866. Il déclarera lors de l’un de ses discours :

« Je me suis constamment occupé de la question sociale et des philosophies qui s’y rattachent, marchant dans ma voie parallèlement à mon camarade Prudhon. (…) J’ai lutté contre toute forme de gouvernement autoritaire et de droit divin, voulant que l’homme se gouverne lui-même selon ses besoins, à son profit direct et suivant sa conception propre »

C’est répondant exactement à ses idéaux politiques, qu’il demandera le déplacement de la colonne Vendôme évoquant les guerres napoléoniennes, aux Invalides. La commune fut plus extrémiste dans ce domaine, et vota l’abattage pur et simple de la colonne le 13 avril, ce que Gustave Courbet approuva.

C’est pour cette raison qu’en mai 1873, quand le nouveau président de la république, le Maréchal Patrice de Mac-Mahon décida la reconstruction de la colonne, il fut désigné comme responsable, et dû payer la somme de 323.000 francs, soit plus d’un million d’euros actuel. Courbet obtint la possibilité de payer 10.000 francs par an pendant 33 ans, mais mourut dans sa retraite suisse de la Tour-de-Peilz, près de Vevey, avant d’avoir payé la première traite.
La statue de Napoléon Bonaparte, que vous pouvez encore aujourd’hui à admirer en haut de la colonne, fut celle qui en 1871 fut abattu et dont la tête roula sur le pavé parisien. Elle fut restaurée en 1875 pour arriver à sa forme actuelle.